Abousfian Abdelrazik: Projet retour au bercail

winter morning blues

Écoutez:
* winter morning blues
pour Abdelrazik

saxophone — Matana Roberts
piano — Stefan Christoff
enregistrées par Thierry Amar @ Hotel 2 Tango

Déclaration d'Abousfian

Écoutez une déclaration d’Abousfian Abdelrazik enregistrée le 1er avril 2009 en cliquant sur la touche de lecture ci-dessous. Vous pouvez télécharger la version MP3 ici.

Réponse aux fausses allégations contre Abousfian Abdelrazik

Réponse aux fausses allégations contre Abousfian Abdelrazik

Le projet Retour au bercail appelle à une enquête sur la fuite d’informations et demande la démission de Jason Kenney

11 août 2011

Le projet Retour au bercail dénonce vigoureusement la fuite de fausses informations secrètes au sujet d'Abousfian Abdelrazik, qui a mené un article paru dans La Presse du 5 août 2011 : « Une conversation compromettante entre Charkaoui et Abdelrazik » (par Pierre-André Normandin). Le projet Retour au bercail dénonce également l'affirmation de Jason Kenney, à savoir que les gens font erreur en soutenant des personnes que le gouvernement canadien a désigné comme « nuisibles » au Canada. Cette déclaration est une attaque contre tous ceux qui défendent les personnes marginalisées et exclues de la société, de même qu’elle indique un autoritarisme étatique dangereux.

Nous appelons à une enquête sur cette fuite et exigeons que ceux qui sont derrière celle-ci et sa publication soient tenus responsables. Nous appelons également d’autres organisations et individus au Canada à se joindre à nous pour dénoncer Jason Kenney et exiger sa démission.

M. Abdelrazik nie catégoriquement les allégations vicieuses qui ont été faites contre lui dans l'article de M. Normadin et la couverture médiatique qui a suivi, de même qu’il met au défi ceux qui l’accusent de révéler leur identité et de présenter leurs « preuves » au public.

Cette fuite a lieu dans le contexte où M. Abdelrazik tente de se faire radier de la « liste noire » de sanctions de l'ONU (établie par les résolutions 1267 et 1989 - qui n'est pas une liste d'interdiction de vol comme cela est largement rapporté, mais un régime qui interdit les voyages transfrontaliers et impose un gel des avoirs). Elle a également lieu alors que M. Abdelrazik tente - à travers un procès - de tenir le gouvernement responsable pour le rôle qu'il a joué dans son emprisonnement, sa torture et son exil de six ans au Soudan, de même qu’elle a lieu alors qu’une contestation judiciaire de la législation canadienne qui met en œuvre la « liste noire » de l'ONU est en cours.

Ci-dessous, nous tenterons de répondre en partie à la confusion générée par la couverture médiatique de cette fuite organisée. Il nous apparait clair que cette fuite, ainsi que l'intervention rapide de M. Kenney, ne sont que des tentatives de manipulation du public, visant à intimider et faire taire ceux qui se battent pour la justice et qui ne font qu’attiser l'islamophobie et le racisme présents dans la société. Le projet Retour au bercail appelle les groupes et individus, à Montréal, au Québec et au Canada, ainsi que nos alliés partout dans le monde, à condamner cette attaque contre nos libertés et à redoubler d'efforts pour libérer M. Abdelrazik de la « liste noire » de l'ONU. Nous appelons également à continuer la lutte en faveur de la liberté, la justice et l'égalité et contre des mesures telles que les « listes noires » et les certificats de sécurité.

Contexte

Allégations rejetées par la Cour fédérale, le SCRS, la GRC et Transports Canada

Ces allégations ne sont pas nouvelles. Le soi-disant complot aérien n'est pas une nouvelle histoire. Un rapport différent, se référant à la même présumée conversation, a été divulgué à La Presse en juin 2007, alors que le cas d'Adil Charkaoui était à un point critique (à l'époque, la GRC a annoncé qu'elle lançait une enquête criminelle sur la fuite du rapport secret. Le SCRS a déclaré qu'il menait une enquête interne sur la façon dont leur rapport secret s’est retrouvé entre les mains des journalistes. Aucun résultat des deux enquêtes n'a été rendu public). Le rapport qui est à l'origine de la fuite en 2007 a ensuite été remis à la Cour fédérale qui ne s'est pas gênée pour conclure en janvier 2008 qu'il n'y avait aucune preuve pour étayer les allégations d'un complot visant à faire exploser un avion. La juge de la Cour fédérale qui a mis fin au certificat de sécurité de Charkaoui en 2009 est arrivée à une conclusion similaire dans son jugement de cette cause.

Dans le cas d'Abdelrazik, le SCRS et la GRC ont indiqué au gouvernement fédéral en octobre 2007 dans des lettres officielles qu'ils avaient, pour toutes fins utiles, aucune information indiquant qu'Abdelrazik ait été impliqué dans quelque activité criminelle que ce soit. C'est en se basant sur ces lettres que le gouvernement canadien a présenté en 2007 une demande pour que le nom d'Abdelrazik soit retiré de la « liste noire » du Conseil de sécurité de l'ONU (les lettres sont disponibles sur le site du projet Retour au bercail). Aucun des hommes n'a jamais été accusé en rapport avec les allégations contenues dans les documents divulgués.

Par ailleurs, il est important de noter que ni Abdelrazik, ni Charkaoui n’est sur la liste d'interdiction de vol au Canada. Lors d'une tournée de conférences organisée l'année dernière, Abdelrazik a pris plusieurs vols internes au Canada. Charkaoui a également pris l’avion au Canada depuis que son certificat de sécurité a été annulé en 2009. Cela signifie que Transport Canada, qui est apparemment le destinataire de ce prétendu document du SCRS, n'a pas pris l'histoire au sérieux.

« Toujours sur le radar » et le profilage racial

Un ancien agent du SCRS, Michel Juneau Katsuya, cité dans l'article de La Presse, suggère que lorsqu'une personne « réapparaît constamment sur l'écran radar », une enquête est justifiée. Ce n'est pas seulement un voisin qui se venge, dit-il, c'est une question du nombre d'événements successifs. L'image évoquée dans l'observation de M. Katsuya est celle d'un « radar » qui balaie de manière impartiale l'ensemble de la société, en cherchant des comportements dangereux d'une manière objective. Toutefois, après tout ce qui s’est déroulé durant la dernière décennie en termes de profilage racial, c'est une image difficile à accepter.

Une autre explication quant aux raisons pour lesquelles certaines personnes réapparaissent constamment au radar, c'est qu'ils sont « dans la mire », soit à cause de leur profil (par exemple des musulmans pieux, des arabes politiquement actifs), ou parce que le SCRS a une certaine théorie sur ce qui constitue un comportement suspect (voyage dans certains pays ou le fait de prier), ou à cause d'un événement déclencheur (comme un voisin qui cherche à se venger). Une fois qu'une personne apparaît à l'écran des agences de renseignements, elle devient une « personne d'intérêt »; elle est suivie. Une filature plus minutieuse conduit à plus d'« incidents » : ainsi, un comportement parfaitement innocent sera, pour quelqu'un cherchant à justifier une enquête, interprété comme étant « suspect ».

Dans les milieux juridiques, il y a également un phénomène appelé « avoir des oeillères »: la police développe une théorie à propos de quelqu'un et recueille de façon systématique ou même cherche l'information qui tend à soutenir la théorie tout en négligeant ou en omettant les informations qui tendent à la miner. Dans les affaires pénales, ce type particulier d'injustice a fait l'objet d'un examen par les tribunaux. Le SCRS a souvent été critiqué pour avoir monté ses dossiers de cette façon.

Un journalisme irresponsable aggravant l'injustice

Premièrement, considérant les prémisses de cette histoire (une fuite de document du SCRS), le quotidien La Presse a agit de façon irresponsable en publiant celle-ci. En effet, plusieurs éléments entourant la publication de cette histoire soulèvent des questions : l'anonymat de la source de la fuite, l'absence de confirmation de la validité du document, le caractère douteux de l'information contenue dans le document divulgué, le refus par la Cour fédérale de considérer cette information ou une information similaire en tant que preuve valable, les dommages causés par cette histoires pour les deux hommes concernés et leur famille, de même que la forte probabilité que les informations révélées comportent un objectif obscur, ne pouvant être atteint par des moyens légitimes.

Deuxièmement, l'article, de par sa forme et son contenu, représente un exemple de pratique journalistique et éditoriale irresponsable et sensationnaliste. L'article principal présente comme factuelle et vraie les informations contenues dans les documents du SCRS divulgués à La Presse et ce, en dépit des sérieuses questions soulevées par les avocats représentant les deux hommes, quant à la validité de la fuite de renseignements.

Ces informations sont d’autant plus douteuses, puisque leur véracité et leur fiabilité est fortement remise en question, alors que le moment choisi est névralgique et qu’il semble clair que le but visé est nébuleux. Cependant, le journaliste de La Presse a écrit son article comme si les informations contenues dans les documents divulgués (la transcription de la prétendue conversation téléphonique) étaient véridiques et authentiques. À certains moments, il embellit même l'histoire, en y ajoutant des éléments de son cru pour la rendre plus sensationnelle.

Plutôt que de mettre l'accent sur ce qui est important : le contexte et les circonstances de la fuite, la véracité et la fiabilité des informations contenues dans les documents divulgués, le motif derrière la publication des allégations (en ce moment et de cette manière), la façon dont le SCRS mène ses enquêtes, M. Normandin choisit de mettre la prétendue conversation au centre de l'histoire. Malgré que cela puisse donner à son texte un attrait sensationnaliste, M. Normandin agit de la sorte au détriment de la vérité et la justice. Son article intervient également aux dépens de deux hommes qui ont lutté amèrement afin de se libérer de mesures draconiennes et injustes et de processus auxquels ils ont été soumis pendant de nombreuses années. La Presse a simplement aggravé les injustices résultant de l'utilisation des mesures punitives contre MM. Charkaoui et Abdelrazik : un certificat de sécurité dans le cas de Charkaoui et un régime de sanctions (1267 de l'ONU) dans le cas d'Abdelrazik. Ces deux hommes ont lutté contre des pratiques punitives injustes auxquelles ils ont été soumis, y compris la tenue de procès secrets, la torture ou la menace de la torture, l'utilisation de preuves secrètes justifiant les mesures punitives, l'impossibilité de répondre aux accusations devant un tribunal indépendant et le fait d’être jugés coupables par association.

Nourrir l'islamophobie et le racisme

Au-delà de l'effet sur les deux individus au centre de cette histoire, l'article principal est accompagné d'images et d'informations complémentaires (les profils) qui renforcent les stéréotypes répandus au sujet des musulmans, des Arabes et des personnes racisées. Le quotidien La Presse ne s'est pas gêné un seul instant lors du montage graphique de l'article et du fait que celui-ci pourrait avoir des conséquences nuisibles pour les deux hommes, notamment l’utilisation d’images menaçantes de Charkaoui et d'Abdelrazik accompagnant les extraits de la prétendue conversation.

Ces images contribuent à entretenir un modèle de représentation négative des Arabes et des musulmans - surtout des hommes - prévalant dans les médias nord-américains depuis des décennies. C'est un exemple honteux de stéréotypes.

En outre, la présentation des profils de six hommes (« Six portraits ») ne comporte aucune explication ou contextualisation. L’effet en résultant laisse une porte ouverte à une interprétation douteuse de cette collection de profils. Il est particulièrement trompeur d'inclure le profil d'Abou-Zubaida. Il suggère qu'il existe une sorte de connexion entre les autres et lui, alors qu’une telle connexion est inexistante. Notons par ailleurs que les États-Unis eux-mêmes ont radicalement changé leur position par rapport à Abou-Zubaida, ne le percevant plus comme l’important personnage qu’il semblait être. Cette section n’apparaît simplement que comme du sensationnalisme gratuit.

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